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03/01/2024
Kore-Eda a une filmographie très Cannes compatible et je n'ai pas été étonné quand son dernier film, dont le pitch annonçait qu'il parlait du « harcèlement scolaire », a reçu le Prix du scénario pour cette cuvée 2023.

De fait, le scénario est très bien écrit et il vous baladera pleinement dans les problèmes récurrents de la société japonaise. Est-ce que pour autant le film est réussi ? Je serais bien moins enthousiaste que les critiques professionnels au moment de répondre à cette question.

En voulant brasser un très grand nombre de thématiques, Kore Eda et ses scénaristes se sont pour moi perdu en route : si la construction du film n'est pas classique, elle n'a rien non plus de révolutionnaire (faut-il encore présenter le triptyque de Lucas Belveau « Un couple Epatant » « Cavale » « Après la vie »). Mais comment caser tous ces points de vue en si peu de temps ? En chargeant la barque au risque de la faire couler.

On me répondra qu'on ne croule pas sous les informations et c'est fort juste... le rythme étant lancinant ce qui n'aide pas à se sentir impliqué dans l'histoire. Du coup, les informations données ne permettent pas au spectateur de se faire un avons « objectif » : la caméra oriente vers une seule explication possible, le scénario remet sur la table les actions contestables de l'un ou de l'autre des personnages et déroule sa pelote jusqu'au bout... Avant de nous dire « ah bah non ».

Est-ce révolutionnaire de dire que si les informations sont présentées avec un biais, on peut en tirer des conclusions erronées ? Il ne me semble pas... mais puisque je n'ai pas eu la sensation de pouvoir utiliser mon libre arbitre dans le déroulement du film, je me suis retrouvé à lire un mode d'emploi plutôt qu'à construire ma propre démonstration.

De fait, la mécanique tourne très bien mais il n'y a pas de vie et cela mène parfois à des scènes qui ont du mal à paraître parfaitement crédibles et à des thématiques abordées puis quasiment oubliées. Bref, L'« innocence » sera pour moi une parfaite démonstration suivant laquelle « a trop vouloir en faire, on se perd » et si je comprends le prix du scénario à Cannes, cela m'attriste car je pensais sincèrement qu'une bonne idée ne donnait pas nécéssairement un bon scénario mais qu'un bon scénario était gage d'un bon film... et j'ai eu devant les yeux un superbe contre-exemple. Grumpf !
.O.